Wauters-Mahmoud-Verdier | Aliette Armel

Au moment où paraît (août 2023) le cinquième livre d’Antoine Wauters, Le plus court chemin, et avant de me plonger dans ce récit intimiste et autobiographique d’une enfance dans la campagne wallonne, j’ai choisi de faire un instant retour vers son précédent roman/poème.

La force foudroyante de Mahmoud ou la montée des eaux

La force sidérante de Mahmoud où la montée des eaux m’a – comme tant d’autres lecteurs – foudroyée lorsque je l’ai ouvert pour la première fois, à la veille de Noël, en 2021. Les membres du jury du Prix du Livre Inter l’ont ensuite couronné, en juin 2022.

Demeurer vivant au coeur du monde

Ce texte manifeste la force et la persistance de son personnage à demeurer vivant au cœur du monde. Un monde où pourtant tout prétend conduire à la destruction de l’humain en soi. La puissance de l’amour, la beauté de la lumière, les éclats des souvenirs vibrent au détour de chacune de ses phrases, comme celle-ci : C’est lorsqu’une espérance expire/Qu’une chanson de plus s’élève.

A. Wauters-Mahmoud ou la montée des eaux-Verdier | Aliette Armel

La lumière traversant les eaux du lac

Se tenir vivant au cœur du monde… Même lorsque le monde autour de soi a disparu sous les eaux d’un barrage, sous les horreurs indicibles d’une guerre sans fin, sous les emprisonnements, les viols et les tortures, même lorsque la solitude a tout recouvert après l’anéantissement des plus proches, femme et enfants, même lorsque le cancer ronge, enferme peu à peu le corps dans la douleur et rend chaque jour plus difficile la plongée, avec palmes et tuba, dans les eaux salvatrices du lac et des souvenirs…

Au milieu de ces circonstances extrêmes, aujourd’hui en Syrie, hier dans des camps d’extermination, des êtres parviennent à préserver leur humanité, leur douceur, leur capacité à forger les mots du poème et à célébrer l’amour qui refuse de céder la place à la haine et au désespoir.

Tout est dit. Y compris le plus terrible des souffrances que certains s’obstinent à infliger à d’autres pour détruire jusqu’au sens de toute vie. Tout est écrit. Y compris le silence entourant celui qui a tout perdu… mais aussi la magie de la lumière traversant encore les eaux du lac et la force du poème adressé jusqu’à son dernier souffle à la femme inlassablement aimée :

« Le ciel n’était pas bleu, mon ange.
Nos jours furent bleus »…

Comme furent peut-être autrefois, bleus, les jours de l’enfance d’Antoine Wauters, mais ceci est une autre histoire à découvrir dans Le plus court chemin.

Références

  • Antoine Wauters, Mahmoud ou la montée des eaux, éditions Verdier, 2021
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