Marielle-Mace-Respire-ed.Verdier | Aliette ARmel

« Pour respirer il faut de l’air, mais il faut surtout une qualité de liens, de paysages, d’avenirs, beaucoup d’autres personnes avec qui respirer, en qui espérer, et qui puissent se respirer en vous. Tout un monde en vérité. Car respirer n’est pas seulement maintenir son souffle, nourrir son organisme comme s’il vivait d’une petite vie séparée. C’est participer à ce qui existe et de ce qui existe ; prendre l’air (celui qu’il y a), le laisser rentrer, poreux et nés troués comme nous le sommes tous ; et puis le rendre, expirer, le redonner changé au monde commun. Prendre part au vivre tout entier donc, y contribuer. » (Marielle Macé, Respire)

Rencontres avec l’auteure à propos de « Respire »

Rencontre à venir
Le 20 janvier 2024, 18h, à la Bibliothèque Buffon, Paris, 5ème

Rencontre accessible en Replay

Le 12 octobre 2023, Marielle Macé a fait une lecture de « Respire » à la Maison de la Poésie, accompagnée de Méhut. Cette performance est accessible en vidéo à partir du site de la Maison de la Poésie.

Marielle Macé -Couverture - Respire | Aleitte Armel

« Respirer, sentir la grâce de l’air et la certitude de sa venue »

De son premier cri jusqu’à son dernier soupir, l’être humain respire. Mais il fait aussi l’expérience de sa vulnérabilité face son irrépressible et continu besoin d’air : « une atmosphère assez irrespirable est en train de devenir notre milieu ordinaire. Tout le monde le sait, le sent : on manque d’oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies. », affirme Marielle Macé à l’orée de ce court texte où, à partir de l’impératif du verbe « respire », elle replace chaque mouvement d’inspir/expir dans une perspective d’espérance, de consentement à la vie, de participation au monde et d’aspiration à un avenir.

« La parole, c’est-à-dire la pensée et la vie qu’on exhale »

La langue et la grammaire sont le fondement de l’exploration de Marielle Macé, philosophe et poète. Au fil de ses pages, la respiration devient conversation et débat entre l’homme et son milieu. Elle insiste sur le mode de conjugaison du verbe respirer à « la voix moyenne », celle que la grammaire attribue à des actions que le sujet accomplit à son propre bénéfice. Je « me » respire ? Non, la forme pronominale (ordinairement adoptée par la voix moyenne) n’est même pas nécessaire. Toute personne sait qu’elle ne respire que pour elle-même. On peut réanimer un autre corps, mais pas respirer à sa place. En revanche, à chaque expir, l’être vivant propulse l’air qu’il a reçu vers l’autre, les autres, l’environnement, l’univers comme l’énonce Gaston Bachelard dans l’Air et les songes cité Marielle Macé : « Au lieu d’aspirer un air anonyme, c’est le mot vie que l’on prendra à large poitrine et c’est le mot âme que l’on rendra, doucement, à l’univers. »

« Pouvoir bien respirer est une question sociale »

Face à l’irrespirable sanitaire, environnemental, social, politique et psychique qui gagne chaque jour plus de territoires sur la planète, Marielle Macé énumère, dans ce texte pourtant court, de multiples pistes. Elle évoque des « con-spirations » empreintes de douceur.

Elle réussit son pari, celui qui l’a conduit à l’écriture de ce livre : Décrire « des manières de s’y prendre avec les autres qui redonnent beaucoup de souffle. […] Bâtir un trajet, de l’irrespirable à la possibilité de soulever, à nouveau, cette confiance dans la respiration. »

Références

  • Marielle Macé, Respire, Ed. Verdier, 2023
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