27 mars 2024

Paysage marin

 

par Sophie M

Marcher en bord de mer, en Bretagne Nord. Goûter le sel, chercher la phrase qui mène au « la », cueillir la lueur à fleur d’eau. Le poème rayonne.

Le texte de Sophie M.

Une côte de granit
Rose
La route
Longue
Vers ce but
Fixe
Qui n’est pas un hasard
On ne prend pas la route de Guingamp par hasard.
Chercher la mer
Ses remous
Tenter l’accès
Introspection…
Je marche au bord de l’eau depuis des heures.
Le rythme. Les odeurs. Les embruns.
Je vais, je viens.

– Ça se maintient ?
– Oui, oui je crois.
Mais mon esprit, au-delà, m’échappe.
Les vaguelettes sur l’eau
Salée
Comme l’écho de mes pensées
Me ramènent de si loin
Je vais, je viens.
La musique monte.
Une note, basse, tenue.
Fond marin, bleu marine, masse d’eau.
Et quelques rayons de soleil rasent l’eau, dans les aigus.

– Ça va ?
– Ça va, oui, ça va. Je crois…
– Tu l’entends ?
– Le la oui. Là-haut – délicat – perché – fragile – déchiré.
Parfois la route est longue, la phrase, musicale, qui mène au la. Il brille, lumineux, écorché, il éclate dans la nuit bleue. Marine.
Je marche au bord du chemin, tout au bord de l’eau, la mer va, la mer vient et le rythme s’impose. La vie, comme un élastique. Marée haute, marée basse. La vie comme un élastique, qui tire, qui claque, qui entoure, qui serre. Et les basses. Oui, les basses, stables, le fond qui me tient. Les vagues s’envolent, les notes défilent. Je ressens les vibrations, de l’air, de l’eau, de l’instant. Les figer dans un chant léger, aérien, qui file au ras de l’eau.
Sur un bolide d’aujourd’hui équipé de flotteurs futuristes, je m’envole.

La musique comme les mots miroite.
Cette lueur à fleur d’eau qu’il faut cueillir pour aller mieux ? Pour aller loin. Plus loin. Le chemin.
Je ferme les yeux, j’écoute la mer, dehors, dedans. Le vent dans les arbres. Les mouettes. Aussi. C’est là c’est maintenant. Pas autrement. Tout laisser, tout lâcher. Lâcher prise. La mélodie s’invite. Enfin.
Couplet
Refrain

Sur les mots choisis le soleil lentement se couche et le jour s’éteint. Les mots riment, le rythme. Et mille notes dans ma tête. La basse, solide, m’enracine. Et la note haute, fragile, au milieu de ce chant bercé par la mer. La note haute. Tu l’entends ?

 

Références

  • Thème de l’atelier au cours duquel a été écrit ce texte : la relation au paysage
  • Proposition d’écriture : Le paysage qui est devant vous sur une image est source d’un récit. Il peut susciter votre imaginaire et l’invention d’une histoire, sage ou folle, qui se déroule dans son cadre. Vous vous emparez de l’image, point de départ et support de rêves ou de souvenirs…
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